Et un travail de plus de remis. Heavy était sincèrement en feu ces temps-ci, l’école lui bouffait toute son énergie et l’empêchait de dormir parfois quelques jours en ligne, mais elle avait passé au travers d’une suite de devoirs assez éprouvants, des pièces de théâtre à analyser en boucle et à résumer en un nombre incalculable de pages (ouais je sais, les profs sont drôles à vouloir vous faire assimiler la matière en la recopiant dans vos propres mots xD) et ce sans se plaindre. Toute fière, elle s’était levée de son 2h de sommeil ce matin là, un record depuis les derniers jours, pour aller remettre un papier sur Cyrano, ce qui devait clôturer l’éprouvante semaine qu’elle venait de vivre. La petite adorait ses études, elle était heureuse comme une gamine devant un énorme gâteau au chocolat qui n’était qu’à elle et même si elle avait dû lire tout le théâtre créé depuis la nuit des temps elle l’aurait fait parce que ça la passionnait. C’est beau nah ? Et donc en trottinant, elle s’était rendue à l’université, le devoir dans une main, le café extra corsé, extra grand format, extra tout ce que vous voulez dans l’autre, prête à affronter des montagnes. L’enseignant n’était pas à son bureau – comble de malheur, elle aurait voulu lui parler d’un sujet qu’elle aurait aimé traiter plus longuement dans son texte pour peut-être gagner 1 ou 2 autres points de plus ahah – mais en même temps c’était peut-être une bonne chose parce que le pauvre aurait surement fait un arrêt cardiaque en voyant la mine affreuse qu’elle tirait. Des cernes qui faisaient tout son visage, les cheveux en bataille et une tenue ma foi, assez dépareillée (aa). Bah quoi, elle voulait être la première à aller porter sa feuille, vous voyez maintenant les résultats de son énervement xD.

M’enfin bref, c’était fini pour cette semaine les nuits blanches et les crises de nerfs. Heavynne n’avait plus aucune obligation, sauf peut-être celle d’aller prendre une longue douche et de dormir quelques heures de plus, ce qu’elle fit bien évidemment, raisonnable comme elle l’était. La jolie brune avait beau s’être donnée comme une folle, fallait se rendre à l’évidence qu’elle était humaine et que parfois ses batteries méritaient d’être rechargées. Et elle ne fut pas trop difficile à convaincre parce que dès que ses petites fesses retombèrent sur son lit après sa balade sur le campus de l’université, ses paupières se fermèrent illico et elle sombra dans le pays des rêves. 3h plus tard, alors que Hamilton se battait avec des dragons et se préparaient à libérer Maxim d’un méchant sorcier qui le tenait pour prisonnier dans une haute tour d’un château-fort (ahahah il sera pas content quand il va voir ça xD), Heavy se fit réveiller par son téléphone qui vibrait sur sa table de chevet, exposant mille. Elle venait de recevoir 4 textos en ligne de copains de théâtre qui étaient tous en train de célébrer la fin de la semaine à la Fondita, un petit resto mexicain super sympa où ils s’étaient déjà retrouvés quelques fois. Et après avoir pris une douche et s’être fait un minimum de toilette , la jolie étudiante se précipita pour les rejoindre, fraîche comme une rose et pleine d’énergie pour avoir jouer aux chevaliers dans son rêve xD.

Heavynne remarqua sa bande dès qu’elle passa la porte, parce que bon c’était pas trop compliqué ils étaient ceux dans le coin à se goinfrer de tacos, de quesadillas et à boire de la bière en parlant fort des textes qu’ils devaient apprendre pour la semaine suivante. Enjouée, la brunette se faufila donc à travers le resto bondé pour aller rejoindre ses amis et une fois qu’elle eut embrassé les joues de tout le monde elle s’effondra sur une chaise et piqua le verre d’alcool d’un de ses potes qui venaient de les abandonner pour les toilettes. Prête à célébrer pour le reste de la journée, Heavy leva son verre en l’air et tous les autres l’imitèrent, et ils allaient trinquer comme des vrais, lorsque la pauvre remarqua, au milieu de la foule un visage familier qui la fit se figer dans son élan. Il était là, à peu près à 3 mètres d’elle, et il draguait une fille qui était assise aux côté de Heavy en classe de cinéma du monde. Hamil’ ne savait pas du tout quoi faire, quoi dire et même s’il l’avait vu. De toute façon, il la détestait et même si elle ne savait pas de quoi lui parler il ne voudrait surement pas lui adresser la parole à la base. C’est donc toute petite qu’Heavynne se fit, se recroquevillant sur sa chaise pour être certaine qu’il ne la voit pas.

Il, c’était Talan. Son ex petit-ami. Le seul garçon au monde qu’elle ait aimé de tout son cœur.

Et encore une nuit blanche passée à potasser ses bouquins de médecine. Ces derniers temps, Talan n’avait fait que ça. C’était à peine s’il avait pris la peine de sortir pour s’aérer un petit peu. Non. Au lieu de cela, il avait tout bonnement préféré s’avancer sur son travail… surtout qu’il n’était guère en avance, et qu’il avait un lourd partiel de programmé pour la semaine d’après. Alors il n’avait pas une seule minute à perdre. Et pourtant, ce n’est pas l’envie qui lui manquait de tout laisser en plan. Seulement, il n’était pas comme ça. Pas le genre d’étudiant à toujours tout remettre au lendemain les choses. Il préférait au contraire terminer ce qu’il avait à faire pour pouvoir être tranquille par la suite. Quoi de plus logique en même temps. Ce matin-là il avait rendez-vous avec son directeur de recherche. Il l’avait choisi en parti pour sa notoriété – il était même très réputé dans la fac où il étudiait – et étant assez ambitieux concernant ses études, il n’avait rien laissé au hasard. Il voulait le meilleur professeur qui soit pour son mémoire. D’ailleurs, il était loin d’être le seul à avoir opté pour lui. C’est dire la bonne réputation qu’il avait. Enfin bref, l’entrevue s’était plutôt bien déroulée – comme à chaque fois d’ailleurs. Il en était même satisfait, puisqu’il allait réellement pouvoir avancer encore plus dans son travail avec ces nouvelles pistes. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il avait décidé de passer presque sa journée – n’ayant pas cours – à la bibliothèque.

Mais bon, il arrive un moment à force de trop travailler, où l’envie de décompresser complètement se fait ressentir. C’est ce qui venait de se produire. Il lâcha donc tout ce qu’il était en train de faire – il avait quand même bien avancé – et se hâta alors de se rentrer chez lui. Auparavant, il avait envoyé des textos à deux ou trois amis, en vue d’une petite soirée tranquille à La Fondita. Un petit restaurant mexicain qu’il appréciait beaucoup, tant l’ambiance y était conviviale. Seulement, personne n’avait pu se libérer. Ce qui n’était pas prêt de le décourager. Au contraire. Il comptait bien profiter de cette soirée. Mais avant – et après avoir pris une douche – il ressentit le besoin de s’effondre sur son lit et s’assoupit un peu. C’est que la semaine avait été longue… et il n’avait pas beaucoup dormi à cause de ce mémoire – qui lui bouffait quasi toute son énergie. Et comme souvent, il se mit à rêver. Mais c’était toujours la même chose qui lui revenait sans cesse à l’esprit. Il revoyait Heavynne sauvant Maxim – prisonnier d’un sorcier dans le donjon d’un vieux château. Pour lui, ce n’était que la transcription de la trahison de son ex qu’il revoyait. Pourquoi Maxim ? Et bien tout simplement, parce qu’il s’était persuadé que c’était avec lui qu’elle l’avait trompée. Bien sûr, ce n’était pas le cas… mais ça il ne le savait pas. Il était bien trop aveuglé par sa haine envers elle – et par extension ceux de son espèce – pour chercher la vérité. En fait, il ne cherchait même plus à comprendre. Cette nouvelle trahison avait été la goutte de trop… et désormais, il ne cherchait pas plus loin… il les mettait tous dans le même sac.

La Fondita était remplie d’étudiants. Quoi que de plus normal en même temps, étant donné que c’était là un des lieux privilégiés de ces derniers. Talan avait aussi l’habitude de s’y rendre après ses cours. Et aujourd’hui, ne fit pas exception à la règle. C’était même devenu normal pour le jeune étudiant. Mais ce qu’il n’aurait pas pu prévoir un seul instant… c’était de la revoir. Depuis qu’ils avaient rompus tous les deux, il avait pris soin de l’éviter le plus possible. C’est simple, il ne voulait plus avoir à faire avec elle. Pourtant, et bien qu’il s’en défende, il ne parvenait pas à l’oublier… il repensait souvent aux moments qu’ils avaient passé ensemble. D’ailleurs, il l’avait bien remarqué dans l’établissement. Il ne pouvait pas la manquer, elle était à même pas trois mètres de lui. Mais comme d’habitude, il avait préféré l’ignorer purement et simplement. Et puis, il était bien trop occupé à draguer une étudiante – laquelle n’avait certes peut-être pas été choisie au hasard, puisqu’elle était dans le même cours de cinéma qu’Heavynne.

Fallait réagir, et vite. Talan était là, et c’était digne de la pire des coïncidences du monde. Jamais la jeune fille ne s’était retrouvée autant à proximité du garçon durant la dernière année, parce que dès qu’ils se croisaient dans les couloirs chacun - ben en fait lui - changeaient de direction comme si de rien n’était. Il l’ignorait, elle avait remarqué, et ça c’était pire encore que tous les traitements auxquels la brunette s’était attendue. Mais bon elle aurait été idiote de ne pas s’y préparer, elle l’avait chercher, elle avait tout bousillé sur un coup de tête et maintenant fallait faire avec les conséquences de son acte. Faisant comme si elle n’avait pas eu une décharge électrique en le voyant et même, comme si elle ignorait qu’il était présent avec eux dans le resto, Heavy trinqua avec ses potes et prit une longue - trop longue xD - gorgée de bière. Elle rigola même le plus innocemment du monde quand le type à qui elle avait piqué le verre d’alcool revint des toilettes et trouva son consommation diminuée de moitié. Avec un peu de chance, Talan la remarquerait et partirait furax de son côté comme il le faisait toujours et tous les deux oublieraient qu’ils s’étaient croisé cette journée-là, comme ils le faisaient avec toutes les fois où chacun croisait le chemin de l’autre. Ça fonctionnait bien jusqu’à maintenant, alors pourquoi changer une formule gagnante ? Heavynne hocha de la tête, convaincue, avant de se faire déranger dans ses pensées par un des copains qui étaient installés autour de la table, qui lui demandait si elle pouvait aller au bar pour l’aider à rapporter toutes les bières qu’il venait de commander pour la troupe.

* Ouais, un truc pour m’occuper, c’est ce que ça m’prends. * pensa-t-elle, ne voulant pas voir son moral diminué par la vision du passé qui se trouvait juste là, sous ses yeux.

Heavynne se leva donc en direction du comptoir pour tout récupérer avec l’autre étudiant, et fut forcée de passer au travers de la foule qui augmentait à vue d’oeil, bloquant tous les faits et gestes de tout le monde. C’était ça le hic avec cet endroit, ça devenait de plus en plus populaire pour les étudiants de s’y rejoindre, et bien vite si on n’arrivait pas assez tôt, on se retrouvait à faire le piquet entouré de dizaines de personnes que l’on connaissait à peine. Hamilton bouscula même une ou deux personnes durant son périple vers le bar, se confondant à chaque fois en excuses. Elle détestait entrer dans la bulle des gens de la sorte, autant qu’elle était dégoûtée par l’inverse, que des personnes s’incrustent dans son espace à elle et l’envahissent. Mais bon, ça c’était son petit problème, celui de se protéger et d’avoir toujours une carapace qui l’empêche d’avoir trop mal, et vous avez vu comment ça a mal terminé avec le bel irlandais qui se trouvait dans le même resto qu’elle ? M’enfin, ce n’est pas pour autant que la jolie Hamilton se laissera envahir, et elle finit par sortir du paquet de gens tous compactés ensembles et atteignit le bar saine et sauve.

Comme une championne ! s’exclama-t-elle, se passant une main dans les cheveux, toute fière.

Et pour la deuxième fois depuis son arrivée à la Fondita, elle figea. La fille que Talan draguait tout à l’heure venait d’arriver au bar elle aussi et tout de suite, Heavynne imagina le pire, que lui aussi soit dans les alentours et qu’il aboutisse près d’elle. La pauvre flippa, elle se souvint en plus de la mine affreuse qu’elle tirait vu ses maigres heures de sommeil et essaya le plus subtilement du monde d’arriver à se voir dans le miroir qui servait de mur derrière les tonnes de bouteilles d’alcool empilées les unes sur les autres, de replacer une ou deux mèches rebelle, de voir si ces cernes étaient si apparentes à cause de l’éclairage pas trop avantageux de la place. Heavy s’en tirait bien jusqu’à ce que son pote lui donne un coup de coude.

Hé, ça va les cheveux et le maquillage ? T’es toujours jolie, alors t’en fait pas avec ça. il lui fit un clin d’oeil et prit quelques verres dans ses mains, lui faisant signe avec la tête de ramasser les autres. Allez viens, les autres nous attendent.

Et il se dégagea, retournant rejoindre les étudiants de théâtre à l’autre bout de la salle. Heavynne éclata de rire, se trouvant pathétique. C’était pas comme si Talan allait s’arrêter à ça. Il ne la regarderait pas, et même si il s’en ficherait de sa tignasse toute décoiffée et de son teint malade. Quand on déteste quelqu’un, son physique a beau être irréprochable, ça ne changera rien. Ravalant sa salive, l’étudiante arrêta de suivre son pote des yeux et fit volte-face vers le bar pour prendre le reste des bières qu’il y avait, lorsque ses yeux se posèrent sur l’irlandais, son irlandais, qui était droit comme une barre, aux côtés de la poulette qu’il s’était mis en tête de séduire. Il ne regardait pas ailleurs, il ne l’ignorait pas. Ses belles prunelles étaient fixées sur Heavynne, il ne la lâchait pas des yeux et n’était pas prêt de le faire. Il ne disait rien, son silence pesait et la brunette n’arrivait pas à s’enfuir, elle était clouée sur place. Elle fut tenter de s’en foutre et de s’avancer vers lui, d’aller lui parler parce que s’il réagissait du genre, c’était surement pas pour rien, mais elle préféra rester immobile et soutenir son regard. Elle avait des tonnes de trucs à lui dire, mais elle attendrait qu’il vienne à elle. C’était la seule marque de respect qu’elle pouvait lui offrir, lui permettre qu’il vienne la voir lorsqu’il serait prêt.

Si Talan n’avait pas tout de suite remarqué la jeune fille – laquelle n’avait certes pas manqué de remarqué sa présence en ces lieux – il en était alors tout autre à présent. Une sorte de jeu s’était instauré. Et visiblement, il en était l’instigateur puisqu’il avait commencé – et d’une manière somme toute spontanée – à la fixer. Qui craquerait le premier ? Qui osera enfin faire le premier pas, en allant vers l’autre ? Car c’était au fond, tout ce que le jeune étudiant souhaitait. Qu’elle lui parle. Surtout après la façon dont elle l’avait quitté. Il n’avait jamais rien dit… ni à elle, ni à personne d’autre… mais il avait longtemps souffert de cette rupture. Et pour cause, ce fut la première fois – depuis bien longtemps – qu’il était alors tombé amoureux. Pendant longtemps, il avait cru que tout allait lui sourire enfin… qu’il allait enfin pouvoir oublier le passé… et faire peau neuve dans cette nouvelle ville. Malheureusement, il était bien loin de se douter que les trahisons étaient aussi monnaies courantes aux Hamptons… et qu’il allait ainsi se prendre l’une des plus grandes gifles de sa vie.

Elle venait de sortir des toilettes. Il ne la lâchait plus du regard. Elle l’avait remarqué, et ne semblait pas même fuir le regard. Comme si elle hésitait à aller le voir… lui parler… mettre les choses au clair sans doute. C’est du moins ce qu’il pensait. Parce que sûrement qu’en agissant ainsi, elle espérait lui permettre de venir la voir… lui laisser ouverte en quelque sorte. Car au fond, elle lui devait bien ça non ? C’est tout le respect qu’elle lui devait, après tout. En tout cas avec tout ça, Talan en avait même oublié la fille qu’il était en train de draguer quelques instants plus tôt. S’en étant aperçue – et en soufflant quelque peu – elle s’était alors éloignée pour aller rejoindre des amies qui venaient d’entrer dans l’établissement. Même pas Talan n’avait réagit. A croire qu’il se fichait royalement d’elle ! Ou alors, elle était purement et simplement un moyen – comme un autre – pour approcher Heavyne. Qui sait ? En tout cas, il aurait bien voulu pouvoir l’ignorer – comme il savait si bien le faire – mais là assez savoir, il ne le put pas.

Finalement – et profitant de ce que la jeune fille ne s’en soit pas retournée vers les amis avec qui elle était arrivée – il décidait de faire le premier pas, et commençait à s’avancer vers elle. Qu’allait-il pouvoir lui dire ? Et elle… qu’allait-elle lui apporter comme réponse ? Il ne le savait pas… ne pouvait pas savoir… mais une chose est sûre, ils ne pouvaient plus continuer à s’éviter encore.

« Tu te portes toujours aussi bien à ce que je vois. » lui dit-il en arrivant à sa hauteur, et sur un ton qui se voulait assez amicale. Même si c’est tout autre chose qu’il aurait eu envie de lui balancer. Mais bon que voulez-vous ? Il avait envie d’entendre ce qu’elle avait à dire… et commençait par des reproches n’est certainement pas la meilleure des manières de débuter une conversation, non ? Et puis ces derniers allaient sûrement arriver au cours de cet entrevue.

L’attente était interminable et Heavynne sentait son ventre se nouer, sa gorge ses serrer et ses mains devenir plus moites encore qu’elles l’avaient été de toute sa vie. À chaque battement de cils, elle se remémorait des images de leur vie d’avant, quand ils étaient ensembles et heureux et qu’ils passaient leur soirée à la plage de galet à refaire le monde ou bien quand ils allaient au cinéma et occupaient leur temps durant tout le film à se lancer des pop corns et à dire des conneries. Ils avaient vécu une super année ensemble, ils étaient plus que complices et les instants qu’ils partageaient tous les deux n’étaient jamais ennuyants. Ouais, Heavy était tombée raide dingue du bel irlandais, elle avait appris pas à pas à faire confiance à l’amour pour lui et elle lui avait ouvert le plus délicatement du monde son cœur, sans craindre qu’un jour il puisse le briser parce qu’il semblait être tellement gentil sous sa carapace. Talan avait beau être une brute lorsqu’il s’emportait, avec elle il en était toujours autrement et y’avait que Hamilton qui pouvait le ramener sur terre lorsqu’il avait une montée d’agressivité qui poussait en lui. Il ne lui faisait pas peur, au contraire, il la fascinait et elle aurait tout fait pour qu’il soit heureux et qu’il ait la plus belle vie possible. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur la bague. C’était l’an dernier à pareille époque environ. Talan était venu dormir chez elle la veille et au matin, alors qu’il prenait sa douche, la belle avait ramassé le jeans du garçon qui traînait sous sa commode et il y avait une petite boîte bleue royale qui était tombée de la poche et qui avait roulée jusqu’à ses pieds. Le souffle de l’étudiante s’était accéléré et on aurait dit que quelqu’un venait de lui donner la plus monumentale des claques au visage. Il voulait la demander en mariage, c’était exactement ça, et lorsqu’elle ouvrit le coffret la bague toute simple avec un diamant au milieu était venue confirmer sa peur.

Heavynne fixait toujours Talan. Ils étaient immobiles, surement absorbés par leurs pensées – les mêmes – qui les empêchaient de faire quoique ce soit. La brunette se rappela sa crainte de s’engager, sa peur de s’investir encore plus dans cette relation, sa première vraie relation, sans avoir la certitude que ça pourrait durer, que tous les deux étaient vraiment faits l’un pour l’autre. Elle ne voulait pas leur donner de chance, elle était trouillarde au possible parce que d’épouser Wahler, ça signifiait de faire un pas de plus vers celui qui un jour, pourrait lui briser le cœur en mille morceaux. Et elle l’avait trompé. Elle avait tout saboté dans le but de reprendre le contrôle, de s’éviter un chagrin de plus, de leur épargner de faire une bêtise. Heavy avala difficilement sa salive, revenant à elle, voyant que son ex commençait à s’avancer dans sa direction. Elle essaya de lire l’expression sur son visage mais n’arriva pas à savoir s’il était fâché ou triste… ou même content de la voir. Depuis des mois ils s’évitaient, le garçon avec lequel elle avait tout vécu ne lui adressait plus la parole, ni même un regard et ça la dévorait de l’intérieur. Elle avait merdé. Solidement. Et elle en payait le prix parce qu’il ne s’était pas passé une journée depuis leur rupture où elle n’avait pas eut un accès de mélancolie en pensant à eux. Inspirant profondément, Heavynne leva la tête vers Talan qui se trouvait maintenant à sa hauteur. Il était beau, ça n’avait pas changé, il avait toujours ses cheveux un peu ébouriffés, ses grands yeux bleus si attirants et son air mystérieux. Et elle baissa la tête, honteuse.

Tu te portes toujours aussi bien à ce que je vois.
Oh. Ben, j’essaie. C’est difficile avec les cours et tout mais tu vois il faut ce qu’il faut et le cache-cernes n’a pas été inventé pour rien.

Hamil’ faisait partie de ceux qui comble les silences pleins de malaise avec le plus de mots possible. Là, elle était plus que mal et plutôt que de lui montrer quel effet ça lui faisait de lui reparler après autant de temps, elle préféra faire comme si de rien n’était, se mettre à parler de la vie et de la température comme n’importe qui et peut-être que comme ça, ça passerait mieux et par magie son ventre arrêterait de vouloir exploser. Mais Talan saurait. Il la connaissait assez bien pour voir qu’elle était plus que petite dans ses baskets et que toutes les conneries du monde qui pourraient lui passer par la tête ne comblerait pas le malaise qui s’était forgé entre eux. Elle lui aurait bien serrer la main en guise de salutations, mais la sienne était toujours aussi humide et il était pas question que Tal’ ait à subir ça xD. Dans un élan d’habitude, elle se mit sur la pointe des pieds et lui déposa deux bisoux sur les joues avant de s’arrêter dans son élan. Ils n’étaient pas amis, elle n’avait pas à faire ça, et puis c’était tourner le couteau dans la plaie. Toussotant donc, Heavy s’éloigna en se traitant d’idiote dans sa tête…

Et toi ? Tu vas bien ? lui demanda-t-elle en espérant alléger l’ambiance, parce que c’était ce qui lui brûlait les lèvres depuis longtemps. Comment allait-il, s’était-il remis de tout ça ? Et ta maman aussi, j’espère qu’elle adore toujours son boulot avec la famille Campbell !

C’étaient juste des banalités. Comment allait-ci, comment se portait-ça. La brunette aurait voulu lui envoyer la plus longue des déclarations, la plus énorme des excuses, juste pour qu’il comprenne qu’elle avait était impulsive sur le coup qu’elle croyait que ça serait pour le mieux pour eux mais que finalement elle s’était gourée et avait empiré la plus belle des situations qu’ils avaient pu vivre. Heavynne pris une grande inspiration et décida de se lancer. Le resto se remplissait encore, ils étaient plus que coincés dans la foule et si elle voulait en profiter avant qu’il décide de disparaître de nouveau, elle devrait faire vite.

Je voulais que tu saches que je suis vraiment…

Heavy n’eut pas le temps de rien rajouter que déjà 3 étudiantes passèrent entre eux, gloussant jusqu’au bar, distrayant leur attention pour aller se commander des Sex On The Beach. La peur que Talan ait profité de cette distraction pour filer et la laisser là, au beau milieu de la Fondita avec les yeux pleins de larmes la traversa et elle fut plus qu’heureuse de voir sa tête s’agiter derrière la troupe de jeunes filles hyperactives comme s’il la cherchait des yeux et qu’il craignait qu’elle soit partie elle aussi. Le moment était bien choisi, il fallait qu,elel saute sur l'occasion pour régler les comptes et passer à autre chose. C'était maintenant ou jamais. Hamilton prit son courage à deux mains, et s'avança vers Talan, plus confiante qu'elle aurait pu l'imaginer.

Tu veux qu’on aille un peu plus loin du bar ? Ici, on va se faire déranger et je crois qu’on a des choses à se dire…

De la revoir comme ça, en ces lieux où il s’attardait souvent, n’avait même pas été un choc pour lui. Pas la moindre émotion ne germait de ce regard pénétrant. Peut-être qu’avec le temps, il avait appris à se blinder – comme lui seul sait si bien le faire ? Le passé… ce qu’elle lui avait fait… il les avaient mis dans un pan de sa mémoire. Il n’y pensait plus… ou du moins, c’est ce qu’il essayait de faire comprendre à quiconque oserait lui poser la question. Il tentait en vain de montrer qu’il se fichait royalement d’elle à présent. Qu’elle ne l’intéressait plus du tout… qu’il était beaucoup mieux sans elle. Mais c’était chose vaine en effet. Parce qu’il est clair que si jamais il en venait à lui parler directement, tout ressurgirait à nouveau… et pas de manière douce si vous voyez ce que je veux dire par là. La souffrance qu’il avait alors enduré lors de cette trahison, parlerait pour lui. Alors, elle n’avait qu’à bien se tenir, parce qu’il risque fort de lui dires ses quatre vérités… il n’attendait que ça d’ailleurs. Elle était d’ailleurs, là face à lui et – malgré tout – il ne put détourner son regard du sien. Il était comme aimanté au sien. Attendant quoi ? Peut-être qu’elle fasse le premier pas. Parce que c’était aussi ça Talan. Tellement fier… tellement têtu parfois.

« On fait aller… enfin tu te dois t’en douter un petit peu non ? » lui avait-il alors sur un air qui se voulait assez froid.

C’est qu’il en avait des choses à lui dire. Ils avaient vécu de si belles choses tous les deux. Ils avaient été si heureux. Il avait même envisagé de la demander en mariage. C’est dire à quel point il en était amoureux. Alors pourquoi y avoir mis fin ? Et surtout, pourquoi cette stupide tromperie qu’il avait eu du mal à pardonner ? Il n’avait pas compris… et lui en avait longtemps tenu rancune. Il lui en voulait même encore à l’heure actuelle. Autrement, pour quelle raison lui aurait-il répondu de cette manière ? Elle avait su faire ressortir ce qu’il y avait de meilleur en lui. Elle avait su le canaliser lorsque lui prenait l’envie de s’emparer contre quiconque lui aurait manqué de respect – à lui ou à ses proches. Il avait été si heureux à ses côtés, et y repensait souvent avec nostalgie. Comme il souhaiterait tant retourner en arrière… effacer tout et recommencer... comme avant ! Si seulement c’était possible. Seulement au lieu de ça, il ne devait que vivre avec le regret de n’avoir pas pu vivre la vie qu’il avait toujours rêvé avoir. Enfin, il n’avait rien à regretter en réalité. Il avait toujours été honnête dans cette histoire. C’était plutôt elle qui avait tout gâché et qui devait regretter quelque chose. En tout cas, ils avaient là une chance de tout mettre au plat… et il allait s’en donner à cœur joie. C’est d’ailleurs à ce moment – juste après avoir commencé à lui dire un mot – qu’elle lui proposa d’aller discuter un peu dehors.

« Excellente idée ! Et tu ne peux même pas imaginer tout ce que j'ai à te dire! » lui répondit-il aussitôt, sur un air qui se voulait à présent sec.

Il est clair que les gens n'avaient pas besoin d'entendre ce qu'ils allaient se dire - puisqu'il s'agissait de quelque chose de privé. Cela ne regardait qu'eux. Et il est clair également qu'elle allait en prendre pour son grade, car il allait bien profiter de cette occasion pour déballer son sac.

Il était froid, il avait le regard vide et il n’inspirait rien de bon. Heavy le sentait distant, abrupte, en colère même. Mais malgré tout, la brunette n’arrivait pas à s’éloigner, elle restait scotchée là à avoir les yeux fixés sur lui, à attendre qu’il fasse quelque chose, qu’il lui dise un truc, n’importe quoi, juste pour confirmer qu’il était bel et bien là et que ce n’était pas une statue de pierre à son effigie qu’on venait de planter devant la belle, tellement il était immobile et lointain. Les copains étudiants de la jeune fille s’impatientaient, Heavynne les entendaient même lui crier son nom de l’autre bout du restaurant, mais ça aurait prit beaucoup plus que des cris pour détourner son attention. Talan était un aimant, un gros aimant baraqué qui la dévisageait et l’étudiante se sentait plus que mal à l’aise mais elle n’avait pas du tout l’intention de le laisser là et de disparaître. C’était assez, ils avaient déjà donné dans le domaine de l’ignorance et elle en avait plus que marre des nuits blanches qu’elle se claquait plusieurs fois par mois parce qu’elle n’arrivait pas à s’enlever de la tête sa culpabilité et ses remords. Oui, elle l’avait cherché et oui, elle l’assumait du mieux qu’elle pouvait. Mais peut-être que si elle avait l’occasion de s’expliquer, de s’excuser aussi surtout, peut-être que son insomnie déciderait de la lâcher et qu’elle arrêterait de se demander plusieurs fois par jour comment il allait, s’il lui avait pardonné, s’il s’en était remis. Ses bouclettes descendaient le long de son dos et Hamilton agrippa une de ses mèches pour jouer avec, frénétiquement, attendant le verdict de Wahler à savoir s’il avait envie de mettre toute cette histoire au clair et d’aller en discuter à l’extérieur, sur la petite terrasse de la Fondita. Et il parla, avec sa voix si grave, si masculine, qui avait jadis donné des frissons à la jeune fille. Cette même voix qui aujourd’hui n’était plus aussi chaude, plutôt sèche et dénuée d’émotions. Il la détestait toujours.

Excellente idée ! Et tu ne peux même pas imaginer tout ce que j'ai à te dire!

Heavynne se sentit pareil que dans un dessin animé lorsqu’elle ravala sa salive, apeurée, comme quand le petit personnage qui a la crainte de sa vie avale et qu’on voit sa gorge se grossir. Elle pouvait bien faire des blagues, sauter partout et s’afficher un grand sourire sur le visage, mais ça ne marcherait pas. Aucune de ses tactiques pour camoufler son malaise ne fonctionneraient parce que là, elle était pire que pire et revivait presque exactement la même sensation qu’elle avait eut lorsqu’elle avait rompu avec le garçon. Un énorme vide qui la dévore de l’intérieur.

C’est parfait, on s’ennuiera pas donc… osa-t-elle ajouter pour meubler la conversation, alors qu’elle le suivait et qu’il l’entraînait dehors.

Les bières pouvaient bien rester sur le comptoir du bar, ses potes de théâtre pouvaient bien continuer de hurler son nom alors qu’elle s’engouffrait dans la foule se dirigeant vers la sortie, elle ne se rendait compte de rien. Le temps s’était arrêté, elle fixait droit devant elle Talan qui ouvrait la marche, fort et imposant, comme d’habitude, comme avant. Les flashs recommencèrent, elle se revoyait avec lui alors qu’ils filaient à l’anglaise loin d’une fête où ils étaient depuis quelques heures pour aller se bécoter dans les toilettes comme des adolescents, ou alors quand ils étaient tous allés au resto pour l’anniversaire de Max et qu’elle avait passé le souper à lui flatter l’intérieur de la cuisse avec son pied pour lui donner un aperçu de ce qui l’attendrait lorsqu’ils rentreraient à l’appartement du garçon xD. L’ambiance était toute autre aujourd’hui et Heavy eut l’impression de recevoir un sceau d’eau froide sur la tête lorsqu’elle finit par sortir du restaurant et tomber nez à nez avec Talan qui était toujours aussi effrayant qu’il l’était quelques minutes plus tôt. Et secrètement, elle fût déçue de voir que le futur médecin n’avait pas eut de flash backs comme elle, qu’il ne venait pas de ressasser leur année de relation en avance rapide et que ça n’avait pas pu l’attendrir un peu.

J’voulais que tu saches que je suis désolée. déclara-t-elle, attaquant tout de suite pour crever l’abcès de plein front et éviter les gants blancs… ils avaient des choses à régler, ben ils les régleraient. Et qu’il n’y a pas une journée où je ne regrette pas ce que je t’ai fait. Je sais qu’à l’heure où on en est tu dois t’en foutre et c’est bien ce que je mérite, mais je tenais vraiment à ce que tu sois au courant que je n’ai jamais voulu faire ça par méchanceté, que c’était un coup de tête pas du tout prémédité et que aujourd’hui encore je trouve que j’ai pas du tout été brillante sur ce coup-là et que j’aurais dû être courageuse et affronter le problème avec toi plutôt que de vouloir tout bousiller pour m’en sauver.

Ils se tenaient l’un face à l’autre, un peu plus loin sur la terrasse, là où il y avait seulement 2 personnes à 1 mètre d’eux, qui finissaient leur cigarette avant de retourner à l’intérieur. Heavynne avait tout de même parlé tout bas, détestant plus que tout que des oreilles indiscrètes se mêlent de ses affaires à elle et écoutent attentivement ce qu’elle venait de dire. Son speech, la brunette l’avait pratiqué encore et encore, se demandant si Talan lui donnerait l’occasion de s’expliquer à un moment ou à un autre. Il aurait très bien pu continuer de l’ignorer comme il savait si bien le faire et passer le reste de sa vie à la maudire, mais il avait été assez sympa pour décider de régler ça avant que ça continue de dégénérer. Et pour lui avoir donné une chance de se justifier, Heavynne lui en serait reconnaissante pendant très longtemps. Rien ne le forçait à faire un truc du genre, et pourtant il l’avait fait. C’était déjà un énorme geste de gentillesse, et Hamilton savait très bien qu’elle ne le méritait pas du tout.

Et merci de me permettre de tout dire tout ça. elle haussa les épaules, penaude. Ça fait du bien de ne plus se sentir ignorée à chaque fois que je te croise…