La pluie tombait dru sur les Hamptons. A cela venait s’ajouter tonnerre et autres éclairs. Une nuit où il ne faisait certes pas bon de se trouver dehors. Et pourtant. A l’heure où la plupart de la population dormait paisiblement – bien au chaud et à l’abri – il en est un qui prit par une insomnie tenace, avait tout bonnement décidé d’aller prendre l’air. Un peu fou vous allez sans doute me dire ! Mais bon, les orages il les affectionnait tout particulièrement. Et puis, il connaissait un endroit où – tout en étant à l’abri – il pourrait admirer le spectacle des éclairs déchirant le ciel. Il se souvient même qu’il nourrissait cette passion pour les orages depuis tout petit déjà. Il tenait d’ailleurs ça de son père. L’occasion de se souvenir à quel point la vie était tellement plus heureuse avant sa trahison. Mais bon avec le temps, il avait appris à faire avec. Et puis, il avait désormais une nouvelle vie… alors il n’allait certainement pas la gâcher à ressasser les mauvais souvenirs. Ça non alors !

La pluie le calmait. L’apaisait même. C’est peut-être bête à dire, mais c’est ainsi. Il se sentait tellement bien lorsqu’une averse venait tapoter les vitres de son petit appartement. Il n’avait pas souhaitait prendre une chambre universitaire – ne voulant pas se retrouver avec tous ces gosses de riches qu’il détestait. Et puis, de temps en temps, il appréciait sa petite tranquillité à lui. Sans personne pour venir le déranger. Solitaire lui ? Peut-être un peu en effet… bien qu’il compte quand même encore – parmi son entourage – des amis en qui il a toujours une entière confiance. Et puis, l’avantage de vivre seul, c’est qu’on pouvait réellement faire tout ce qu’on voulait après tout. Il s’était d’ailleurs toujours débrouillé tout seul, et ce n’est pas maintenant que ça allait changer.

L’endroit était plutôt charmant. Et cette nuit d’orage accentuait toujours un peu plus ce caractère. Une petite plage de galet – sur laquelle il venait si souvent, seul ou accompagné – et qui était bordée par une tour de roche. Une sorte de petite grotte y avait sans doute été creusée à force par l’eau de l’océan. En tout cas, c’était tant mieux, car il avait à présent l’endroit idéal pour admirer le spectacle qui s’offrait à lui. Un endroit calme et au sec surtout. Seulement, il pensait réellement être tout seul cette nuit. Jusqu’au moment où – au loin – une silhouette se dessina. Bien sûr, il commença à souffler un peu – tout en souhaitant que ça ne soit pas un des jeunes qu’il ne pouvait plus voir en peinture. Mais fort heureusement, ce n’était pas l’un deux.

« Alors comme ça toi aussi, tu es venue pour le spectacle ? » lui adressa t-il alors dans un sourire.

C’était Joyce. L’une de ses meilleures amies. Lorsque la silhouette de la jeune fille s’était un peu plus rapprochée de son antre, il l’avait subitement reconnu. Et surtout il fut rassuré que ça ne soit pas quelqu’un d’autre. Par « autre » il pensait toujours à la même personne. Une fille qu’il essayait en vain d’oublier… mais en vain. Mais bon, l’heure n’est pas au ressassement de mauvais souvenir.

C'est en sueur, presque en pleure, que j'ouvris les yeux. L'orage grondait, les souvenirs de maman revenaient. J'avais encore fait un cauchemars sur l'accident, cela me hantait de plus en plus. Aujourd'hui c'était son anniversaire, si seulement elle n'était pas morte par ma faute...

Je me leva et alla à ma fenêtre. Les nuages étaient tailladé par les éclairs. C'était un spectacle splendide. Je ne pus m'empêcher de prendre ma veste en cuir que je mis par dessus ma nuisette bleu marine à dentelle blanche. Je pris mon sac mis une petite couverture fine à l'intérieur, mon téléphone ainsi que mon appareil photo. Je descendis silencieusement les escaliers et ouvrit la porte d'entrée. Je l'ouvrit et la referma en silence. Une fois dehors je respira intensément l'air humide, l'odeur de la pluie et du tonnerre. J'adorais ça, on regardait très souvent l'orage avec ma mère.

Je marcha pieds nus jusqu'à la plage. L'eau glissait sur mon corps froids, mes cheveux étaient de plus en plus mouillés et ondulaient de plus en plus ondulés. Plus j'avançais plus je devenais trempée. Arrivée à la plage je mis mes pieds dans la mer, m'aventura sur des rochers, certes ce n'était pas très intelligent et très risqué mais je n'avais pas peur. Je ne connaissais pas les environs. Je vus une silhouette au loin se dirigé vers des rochers. Je la suivis de loin. Une fois arrivée à l'entrée de la grotte qui avait du être formée par les vagues violentes s'écrasant contre les rochers, je vus Thalan. Je souris. J'étais perchées sur un rocher, un pieds balançant dans le vide une main sur une des parois de la grotte. Je sauta de mon rocher lorsqu'il vint à me demander si moi aussi j'étais là pour le spectacle. Je retira ma veste que je posa au sec ainsi que mon sac, et m'assis contre lui, la peau gelée, les cheveux trempés mais je ne tremblait pas.

- Oui c'est magnifique inh ?

Je posa ma tête sur son épaule. Talan était un garçon tellement attachant, c'était en quelques sorte mon meilleur ami, et le fait de poser ma tête sur lui n'était pas ambigüe. Nous étions très proches et il n'y avait pas de malaises. Il savait presque tout de moi et de mon passé, mis à part sur ma mère.. J'avais bien trop peur de lire à présent dans ses yeux de la pitié, d'entendre " Je suis désolé " alors qu'il n'y à pas à être désolé puisque c'était de ma faute.

- Tu sais, quand j'étais petite, j'avais peur de l'orage. Et ma mère venait alors dormir avec moi en me disant que ce n'était rien, juste le Père noël qui faisait tomber ses jouets. Et pour les éclairs c'était toutes les lampes qu'il cassait car il s'énervait. C'était absurde, mais ça m'apaisait et je me rendormais. Depuis je suis fascinée par les orages, même si je sais qu'il n'y a jamais eu de père noël. Juste des mamans bien vaillantes..

Il pourrait passer des heures ainsi, à regarder le spectacle des éclairs se déchirant entre eux. Terrifiant et fascinant à la fois. Tellement apaisant. Il ne s’en lasserait jamais. Cela lui rappelait bien souvent son Irlande natale – où les jours de pluies étaient bien plus présents que le soleil. Le souvenir de ce père qui lui manquait par instant. Il y repensait de temps à autres les jours d’orage. Comme ce soir-là où la nostalgie s’installa dans son cœur. Mais il ne regrettait nullement d’être venu ici, n’allez pas croire le contraire ! Au contraire. Et puis, il n’aurait jamais rencontré Joyce autrement. De tous les amis qu’il avait eu la chance de se faire en arrivant aux Hamptons, elle était sans aucun doute l’une des plus importantes. Il savait qu’il pourrait tout lui confier sans craindre qu’elle ne le trahisse un jour. Elle était une des rares personnes en qui il avait une entière confiance. Et ça croyez-moi, ça n’a pas de prix ! Elle savait tout de lui et lui savait tout d’elle. Excepté l’histoire d’avec sa mère. Il aurait pu vouloir chercher à en savoir plus, mais il n’a jamais voulu. Par respect pour elle. Et puis, il s’était toujours dit – et se le disait encore – qu’elle finirait par parler lorsqu’elle se sentira prête.

« C’est là que je me dis que j’aurais dû emporter avec moi mon appareil photo ! » lui dit-elle après que la jeune fille vint s’installer à côté de lui.

Il faisait certes des études de médecine, mais n’en avait pas moins des passions. Heureusement d’ailleurs. On ne peut pas vivre sans passion. Elles font parties de la vie, c’est ainsi. Et ce sont souvent elles qui permettent d’échapper à un quotidien parfois trop pesant. D’autres pourraient se réfugié dans la lecture… d’autres dans l’alcool ou autres substances illicite… mais lui c’était la photographie qu’il avait alors choisi. Elle lui permettait – outre d’échapper à son quotidien – de voyager. Un voyage au gré des images et des couleurs. Son évasion à lui. Et qu’il était bien content de pouvoir partager avec l’une des ses meilleures amies – si ce n’est la meilleure. Cette dernière venait de poser sa tête sur son épaule et lui raconta alors à quel point sa mère lui manquait. C’est du moins ce qu’il comprit par le son récit. Il la comprenait parce que lui aussi ressentait la même chose à cet instant. Lui avait la nostalgie de son enfance… et avait tant souhaité que rien de ce qui s’est produit n’arrive jamais. Mais ainsi va la vie, et il ne nous faut donc plus qu’à vivre avec. Le temps n’efface rien… ni les douleurs… ni les souvenirs.

« Je comprend… tu te sens rassurée et apaisée… mais dis-toi une chose. Ta mère est toujours là, avec toi. Au fond de ton cœur. » lui dit-il alors en la prenant par les épaules en guise de soutien.

Bien qu’il n’était pas très doué pour trouver les mots qu’il faudrait dans ce genre de situation, il avait quand voulu essayé de la réconforté un petit peu. Parce qu’il n’y a rien de plus triste que de voir un ami dans la peine.

- C’est là que je me dis que j’aurais dû emporter avec moi mon appareil photo !
- C'est là que tu vas te dire que sans moi tu ne pourrais rien faire !

Je souris, attrapa mon sac et en sortit mon appareil photo. En tant qu'étudiante en photographie je ne sortais jamais sans et sachant qu'il adorait photographier les paysages c'était de bon cœur que je lui donnait. Ils prit quelques clichés avant que je parle de ma mère. Lorsqu'il me dit que ma mère resterais toujours dans mon cœur j'enfouis ma tête dans son épaule en passant mes bras autour de sa taille en le serrant contre moi.
C'est en ce moment que je me sentais rassurée et apaisée. Dans cet endroit loin des regards et des gens, tout prêt de Talan. Talan cet ami si précieux à mes yeux, ses bras sont le meilleure de tout mes refuges, le lieux le plus apaisant pour moi. Les moments que je passe avec lui passent beaucoup trop vite à mon goût. Il était mon petit rayon de soleil en quelque sorte, et le trouver cette nuit était du pure bonheur.Je sortis la couette et la mit par terre avant de m'allonger et de tirer mon ami contre moi en le chatouillant. Je savais qu'il détestait ça mais voir sa petite bouille grimaçante moi j'adorais ça ! En riant j'arrêtai de longue minutes après avoir commencer de la maltraiter à ma manière. Tout en étant sur le dos, la tête sur le ventre de Talan je regarda dehors.

- Dis moi qu'est ce que tu fais dans une grotte à cette heure là petit délinquant ?

Je tourna ma tête et le regarda tendrement. Je savais qu'il avait quelques problèmes, surtout avec son père puisqu'il ne vit pas avec lui. Mais le savoir ici, à venir en plein milieu de la nuit, je l'avouait, cela m'inquiétait. Savoir que quelque chose le tourmentait au point de venir dans cet endroit seul faisait que je me posais beaucoup de question. Il n'y avait pas de meilleur ami que lui pour moi, nous étions si proche et si fusionnel que ce qui l'atteignait m'atteignait aussi. Je voulais simplement son bonheur, son adaptation aux Hamptons était pour moi importante et je voulais qu'il soit aussi bien ici que là où il était avant.
Je frissonna lorsque le vent s'engouffra dans la grotte, ferma quelques temps mes yeux avant de les rouvrir et de reposer mon regard dans le sien. J'inspirai profondément tout en me sentant parfaitement et étrangement bien.

En véritable mordu de photographie, d’habitude il pensait toujours à prendre son appareil avec lui. C’est vrai quoi ! On peut à tout moment croiser quelque chose qui sorte de l’ordinaire – et qui mérite d’être immobilisé en un clic non ? Et pour cela un simple numérique suffit. Il se souvient même d’un concours photo auquel il avait alors participé à l’époque du lycée. La vie. C’était là le thème du concours et c’était à New York qu’il avait décidé de prendre ses clichés. A Greenwich Village pour être exacte. Son quartier préféré dans cette ville. Il s’était d’ailleurs tout particulièrement intéressé aux gens. Les gens. Leur regard… leur façon d’être… avec les autres comme avec eux même en disaient long sur la manière de vivre. Pauvres… riches… adultes… enfants… tous y sont passé. Autant de portraits… autant de vies. C’était la photo qu’il aimait. Lorsque d’autres prennent des paysages ou autres natures mortes… lui, c’est ce qui l’intéressait le plus. Et s’il n’avait pas voulu faire médecin depuis toujours, il n’est pas exclu qu’il se soit dirigé vers des études de photographie. De toute manière l’un n’empêche pas l’autre, non ? Une profession n’a jamais empêché d’assouvir ses passions. Et encore heureux.

« Et c’est là que je suis en train de me dire que tu es sans doute la meilleure amie qui soit ! » lui dit-il avec un grand sourire sur les lèvres.

Effectivement, elle y avait pensé. Quoi de plus normal en même temps pour une étudiante qui étudie la photo. Mais surtout parce qu’il pouvoir s’en donner à cœur joie d’immortaliser le spectacle qui s’offrait à leur vue. Il prit quelques clichés avant de revenir s’asseoir après de son amie. Et c’est à ce moment précis qu’elle choisit pour le tirer en arrière et commencer à le chatouiller partout. Qu’est-ce qu’il détestait ça ! Et oui, c’est qu’il est très chatouilleux notre petit rebelle ! En plus, c’est qu’elle prenait un malin plaisir à le faire la coquine ? Qui aime bien, châtie en somme non ? En tout cas, ce sont les moments qu’il aime partager avec elle… ce où ils ne se prennent pas au sérieux pour passer de longues minutes – voir heures – à rigoler. Elle cessa finalement assez vite de la martyriser pour lui poser la question – auquel il s’attendait.

« Je crois que j’avais juste besoin de me changer les idées un peu… » Lui répondit-il simplement.

De toute façon, il était inutile de le lui cacher la vérité. Ils étaient si proches tous les deux, qu’ils pouvaient aisément deviner lorsque quelque chose n’allait pas pour eux.

- Je crois que j’avais juste besoin de me changer les idées un peu…
- Je suis là si tu as besoin tu le sais.

Je le prit dans mes bras après avoir déposer un tendre bisous sur sa joue. Je posa ma tête sur son torse écoutant son cœur. J'attrapai l'appareil et commença à faire des clichés de nous deux. Nous passions vraiment un agréablement moment, à rire, se chatouiller, grimacer mais sans ça nous faisions de magnifiques photos. Jusqu'au beau milieu de la nuit nous nous amusâmes à ça. Nous commencions à être épuisé mais la bonne humeur régnait toujours. je m'agenouillai par terre et leva la tête vers mon ami en passant ma main dans mes cheveix humides et bouclés.

- J'ai pas envie de rentrer.

Rangeant mon appareil photo dans mon sac je remis bien la couverture qui nous coupait de toute humidité et le força à s'allonger. Je m'allongea tout contre lui, la chaleur du corps de l'un réchauffant l'autre. Je jouait avec ses doigts comme à mon habitude, m'amusait à le mordre au niveau du coup ou autre et finit par me calmer à son plus grand plaisir. Face au paysage magnifique qui s'offrait à nous nous abandonâmes dans nos pensées. Je me demandais ce que serait la vie si Maman était toujours là ? Aurais-je eu la chance de reconnaitre Talan et les autres ? Serais-je la fille que je suis aujourd'hui, qui sait ce qu'elle veut, qui se bat et ne lâche jamais ?
Alors que nous contemplions les éclairs traversé les nuages et venir fendre la mer, je sentis mes yeux se faire lourd.

- Je me sens mieux ici près de toi que chez moi..

Je lova ma tête dans son cou et je m'endormis ainsi, dans un sommeil calme et paisible, sans cauchemars. A chaque fois que je rouvrais les yeux un sourire installais sur mon visage en voyant que Talan dormais comme un véritable petit Ange. Je me rendormais aussitôt me logeant dans ses bras et plongeant dans un sommeil profond et lourd qui était enfin réparateur.