Sortir, c’était presque étrange pour Lisbeth elle avait parfois presque l’impression d’avoir rayé ce mot de son vocabulaire. Elle n’était pourtant pas asociale, peut être juste pas vraiment tentée par l’air extérieur, et puis elle n’était pas non plus une ermite mais disons qu’elle n’avait jamais trouvé d’intérêt aux soirées étudiante, du moins elle n’en trouvait plus. Lycéenne, il lui était souvent arrivée de sortir, boire, souvent trop, sans doute dans le seul espoir de prouver au monde entier qu’elle n’était pas la petite fille sage et bien élevée qu’elle aurait du être. Mais, en quittant son Texas natal, en changeant sa vie du tout au tout, en perdant ce qui importait le plus à ses yeux, elle avait perdu le gout des sorties inutiles, peut être avait elle tout simplement perdu gout à la vie. Elle se contentait de voir les jours passer, sans vraiment les apprécier, se contentant de suivre son chemin, sans broncher, elle avait une routine qui lui convenait plutôt bien, elle bossait ses cours, elle se préparaient à la vie active et puis le reste s’était secondaire. Ses amis lui reproché bien souvent de ne jamais sortir et de ne pas réussir à se caser avec un homme, tellement qu’une de ses amies lui avait créé un compte sur meetic dans l’espoir de la voir trouver l’âme sœur, c’était perdu d’avance, elle passait plus de temps à envoyer boulet les gars qui tentaient de la draguer plutôt qu’à chercher l’amour. De toute évidence elle n’avait plus envie d’aimer depuis qu’elle avait perdu le seul qu’elle pensait être l’âme sœur, et comme elle est du genre têtue, la pauvre Lisbeth, préfère de loin sa solitude à la compagnie des êtres humains. Elle vit seule, dans un appartement payé par papa donc, sans doute trop grand pour une seule personne, sa seule compagnie étant celle d’un chaton et d’un lapin, dont elle s’occupait comme une maman s’occuperait d’un bébé. Oui, Lisbeth ressemblait presqu’à une vielle dame et pourtant elle n’avait que vingt-cinq ans. Cela dit, ce soir, elle se devait de sortir, car au défaut de refuser systématiquement les invitations aux soirées étudiantes qui se terminent bien souvent dans l’alcool et dans les bras d’un inconnu, la jolie blonde acceptait toujours quand on l’invitait à dîner. Et puis, ce soir, elle était invitée par Jayden, un ami à elle, plus âgé, qui avait terminé l’université depuis quelques temps déjà, au moins, il lui semblait être beaucoup moins immature que ses camarades de fac, c’est pour ça qu’elle n’hésitait pas à sortir avec lui. Il n’empêche que même si elle avait accepté l’invitation de plein grès - oui, parce qu’il y a certaines invitation qu’elle est contrainte et forcée d’accepter, merci les amis - elle n’était pas vraiment moralement prête à sortir, si bien qu’elle mit beaucoup de temps à se préparer. Elle avait terminé les cours assez tard et une fois rentrée chez elle, elle avait filé sous la douche, longue douche chaude, enfin, qui resta chaude jusqu’à ce qu’elle ait utilisé tout l’eau chaude, ouais Lisbeth est pas du tout écologique. Douche terminée, elle avait passé presque une heure à scruter sa garde robe, seulement vêtue d’une serviette de toilette, ne cessant de soupirer devant chaque vêtement auquel elle apportait un minimum d’intérêt. Au final, elle s’était trouvée stupide d’hésiter autant pour choisir comment s’habiller pour une simple soirée entre amis, elle avait donc attrapé la première robe lui passant sous la main, parce que la météo lui permettait encore de s’habiller en robe et puis comme ça elle n’aurait pas l’air complètement négligée. Une fois enfin habillée, elle décida, juste encore une fois pour ne pas avoir l’air trop négligée de se coiffer un peu mieux qu’en temps normaux, c’est-à-dire qu’elle s’attacha les cheveux en chignon rapide qui était certes bien loin d’être parfait, mais qui montrait qu’elle s’était préparée et qu’elle n’était pas sortie complètement à l’arrache et puis histoire d’être présentable, elle fit même l’effort de se passer une légère couche de maquillage, le strict minimum, ça au moins, ça ne change pas de d’habitude. Une fois prête, elle sortie enfin de chez elle, après avoir troqué ses chaussons contre des chaussures, notons qu’elle était sortie en chaussons et qu’elle avait remarqué que quelque chose n’allait pas, seulement après avoir refermé la porte de son appartement derrière elle, si bien qu’elle avait du se dépêcher de trouver une paire de chaussure s’accordant avec sa robe, parce qu’elle est tellement cruche qu’elle aurait pu mettre des chaussures roses avec sa robe noire, enfin bref après avoir mit un joyeux bordel dans son placard à chaussures, elle pu enfin sortir, remarquant au passage qu’elle n’était même pas en retard et elle en fut la première surprise.

Elle avait rendez vous au restaurant japonais, étant donné que ce n’était pas très loin de son appartenaient elle avait décidé d’y aller à pieds, mauvaise décision d’ailleurs, elle était presque arrivée au fameux restaurant qu’elle cassa son talon à cause d’une bouche d’égout, encore un truc qui n’arrive que dans les films ou que lorsqu’on s’appelle Lisbeth Mcdowell, elle avait hésité quelques instant entre deux option, la première était de rejoindre Jayden avec son talon cassé, au moins elle ne serait pas en retard ce qui serait une grande première pour elle, ou alors, rentrer chez elle pour changer de chaussure et revenir vite fait, toujours à pieds parce qu’en voiture elle mettrait dix fois plus de temps juste pour trouver une place de parking. Enfin bref, finalement n’avant pas envie de passer pour une grosse folle de service, elle avait décidé de rentré chez elle pour changer de chaussures, pas évident de rentrer avec un talon en moins, elle en venait à se détester de ne pas s’être contenté de mettre un jean avec n’importe quel haut et ses basket, rechignant toute seule sur le chemin du retour, la jeune femme devait sans doute passer pour une folle bonne à interner, mais après tout, elle avait plutôt l’habitude. Elle arriva finalement à bon port, tâcha d’enfiler une paire de chaussures plates, pour limiter les dégâts et elle était repartie, courant presque pour ne pas être complètement en retard. C’est avec un bon quart d’heure de retard que Lisbeth atteignit enfin la porte du restaurant où elle avait rendez vous. Essoufflée de sa course elle resta au moins cinq minutes devant la porte à reprendre sa respiration, conclusion c’est avec au moins vingt minutes de retard que Lisbeth alla rejoindre Jayden à la table à laquelle il l’attendait depuis sans doute déjà un moment, la jeune femme lui adressa un léger sourire gêné tout en s’installant.

« Désolée du retard, j’ai eu quelques … soucis … J’espère que je t‘ai pas trop fait attendre … »

Soucis, voilà qui évité de dire « j’ai faillis partir de chez moi en chaussons, mais je m’en suis aperçue alors j’ai mit des chaussures sauf que j’ai cassé le talon en venant et du coup, jsuis rentrée changer de chaussures ». C’est clair qu’il fallait mieux qu’elle se contente de « soucis » ça évitait qu’elle passe définitivement pour une cruche devant Jayden qui ne la connaissait pas énormément, suffisamment pour savoir qu’elle était vraiment pas douée, c’est l’une des première chose que l’on remarque chez elle, mais pas pour savoir que sa maladresse était bien pire que tout ce qu’on puisse imaginer !

Le retard, c’était quelque chose que Lisbeth connaissait bien, elle avait le chic pour constamment arriver en retard dés qu’elle était attendue quelque part. Les cours à l’université, elle arrivé en retard minimum une fois par semaine, les rancards donnés par des garçons bien décidés à la draguer, elle arrivait systématiquement en retard, quand, elle décidait de ne pas poser un lapin au gars en question. Les soirées mondaines auxquelles elle devait faire acte de présence pour faire plaisir à ses parents, si elle pouvait louper une bonne partie de la soirée en prétextant un retard, elle sautait sur l’occasion, mais en principe, les rendez vous avec des amis, elle faisait de son mieux pour arriver à l’heure étant donné que quand elle acceptait de sortir, en principe c’est qu’elle en avait envie, enfin, bon, elle pouvait faire tout les efforts du monde, il y aurait toujours un évènement pour troubler ses plans et la retarder. C’était toujours comme ça, à croire qu’elle avait définitivement la poisse, quand c’était pas un problème vestimentaire, c’était un problème à son appart et quand c’était pas ça, c’était un coup de téléphone qu’elle recevait à la dernière minute et il y avait tant d’autre choses qui venaient bouleverser son quotidien pile quand ce n’était pas le moment. Au fil des années, elle s’y était un peu habituée, même si elle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’elle avait la poisse, qu’elle était sûrement maudite pour elle ne savait trop quel raison. Le fait est que ce soir encore, alors qu’elle devait diner avec Jayden, elle était arrivée en retard dans le petit restaurant japonais où ils avaient rendez vous. Évidemment, la première réaction de la jeune femme fut de s’excuser, un domaine dans lequel elle était particulièrement douée à force de faire des bourdes souvent, bien plus grosses qu’elle. Elle s’installa alors en fasse du jeune homme, il léger sourire gêné sur ses lèvres, expression qui ne tarda pas à se transformé en surprise, quand elle entendit Jayden lui dire précisément, à la seconde prés, combien elle avait de minutes de retard, presque vingt apparemment, mais ce n’est pas ça qui étonna la jolie blonde, ce fut surtout la précision du chiffre, soit, dix-neuf minutes et cinquante-cinq secondes, elle ne pensait pas qu’il allait chronométrer son temps de retard, c’était bien la première fois qu’on lui faisait un coup pareil, elle avait de quoi être un peu déboussolée, et l’expression de surprise qui pouvait se lire sur son visage poussa sans doute Jayden a expliquer la raison de ce chronométrage, raison qui ne rassurait pas beaucoup plus la jeune femme au fur et à mesure que Jayden avançait des arguments presque déplacés, heureusement qu’il ne s’agissait pas d’un rendez vous galant, parce qu’après ça, n’importe quel femme aurait sans doute eu envie que le repas se termine vite, quoi que le physique plus qu’agréable de jeune homme pouvait convaincre n’importe quelle femme de rester avec lui-même s’il semblait des fois un peu étrange, enfin bon, il ne s’agissait que d’un rendez vous entre amis et puis Lisbeth connaissait assez bien son interlocuteur pour ne pas le prendre pour un fois fini, bon à interner.

« Je vois, c’est assez bizarre comme truc mais bon, évite de dire à une fille durant un rendez vous galant, elle pourrait vite prendre peur, heureusement que ce n’est que moi qui suis en face de toi. »

La jeune femme appuya sa phrase par un sourire, pour montrer qu’il s’agissait bel et bien d’une phrase humoristique et non pas d’un reproche. Elle était carrément mal placée pour critiquer les gens de toute évidence, vu que de toute la population new-yorkaise c’était sans doute elle la pire ! Après tout, elle était cet espèce de débile tellement maladroite qu’elle tombée systématiquement dans des situations toutes plus improbables les une que les autres et elle en devenait tellement pathétique, elle était aussi cette idiote attachée à un homme qu’elle n’avait pas vu depuis plus de cinq ans et qui n’a jamais décidé de lui donner signe de vie, elle était une idiote parfaite alors en effet, se moquer des autres, ce serait carrément l’hôpital qui se fout de la charité ! Elle sourit à nouveau au jeune homme, le voyant mal à l’aise face à la situation actuel, ça avait quelque chose d’attendrissant de le voir ainsi, après tout Jayden n’avait pas vraiment la carrure du gars que l’on imagine facilement mal à l’aise, enfin bon, il se ressaisit après une gorgée de vin, il en proposa d’ailleurs à Lisbeth, qui posa son regard sur la bouteille pour remarquer qu’elle était déjà bien entamée, apparemment Jayden avait su trouver de la compagnie en attendant Lisbeth. Elle sourit de nouveau au jeune homme avant de lui répondre.

« Oui, je veux bien, s’il te plait. Ça va bien, ma routine de vie se déroule sans trop d’encombres et toi ? »

Encore une fois, Lisbeth sourit à son interlocuteur. En effet, sa routine se déroulait bien, même qi elle aurait aimé que ça change, elle ne savait pas trop comment est-ce que ça pourrait changer après tout, elle ne faisait pas d’efforts pour que ça change, elle s’était enfermée dans un quotidien assez sombre depuis qu’elle avait quitté le Texas cinq ans auparavant. Elle s’efforçait de répondre toujours de façon positive quand on lui demandait comment elle allée, et pourtant, systématiquement, elle entendait cette petite voix au plus profond d’elle-même qui lui disait qu’elle se mentait à elle-même avant même de mentir à ses proches, et cette fois encore, elle l’entendait cette petite voix au fond de don crâne et pourtant, elle souriait, pour que personne ne puisse imaginer qu’au fond, ça faisait des années qu’elle n’allait pas bien …